Une forêt pour se nourrir 

A group of people crouch over a garden; a large orange van is parked in the background.

Introduction

Projet : Une forêt pour se nourrir 

Description du projet

« Une forêt pour se nourrir » est un projet municipal qui a été développé par le Comité d’environnement de l’Île-Dupas (CEID). C’est une forêt nourricière qui a pris place sur un terrain municipal vacant, et qui est maintenant un centre d’attraction touristique pour la  communauté et les communautés voisines.

Le projet souhaite :

  • inspirer des gens à recréer ce style de forêt nourricière dans leur communauté ;
  • inciter des touristes à visiter la communauté ;
  • créer des opportunités de rencontres et d’implication autour d’un projet rassembleur ;
  • éduquer la population, jeunes et moins jeunes, à la production d’alimentation locale et  à la permaculture ;
  • offrir un endroit propice pour des activités en nature.

Dans ce lieu nourricier, tout individu peut venir cueillir sur le site sans frais et sans limites, dans un souci de partage bien sûr. Le concept est de concevoir un écosystème autonome. L’entretien de l’espace est exclusivement fait par des citoyens bénévoles, ainsi que par les membres du CEID, qui coordonne également les opérations et l’administration sous la supervision du conseil municipal et des directeurs généraux. 

« Il y a vraiment un objectif de partage et d’utilisation d’un espace pour la communauté. Servez-vous tout en en laissant au suivant ! »

Chronologie

  • En 2017, la municipalité a élu un nouveau conseil municipal.
  • En 2018, des comités ont été créés, incluant le Comité d’environnement d’environnement qui initie le projet.
  • En février 2019, le projet reçoit une première subvention, d’une valeur de 15 000 $.  Le projet a débuté en avril 2019.
  • En septembre 2020, les membres du projet ont participé à un atelier de « design  thinking » avec un concours de « pitch » organisé par le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Le projet a gagné 3000 $ grâce à ce concours.
  • Le projet existe maintenant depuis deux ans et demi.
A group poses for a photo in front of abody of water. They are wearing cold-weather gear.

Partenaires du projet

Les partenaires du projet sont des coopératives, des organismes à but non lucratif et des services publics.

La structure initiale était :

  • Le conseil municipal de la Visitation-de-L’Ile-Dupas ;
  • Le Comité d’environnement (éventuellement des sous-comités) ;
  • Le Comité d’environnement est un comité consultatif pour la municipalité;
  • Québec en forme (devenu M360) ;
  • L’entreprise Paysage Gourmand de Rawdon.
  •  

Financement et ressources humaines

La municipalité de l’Île-Dupas  

La municipalité de l’Île-Dupas a intégré le projet dans les tâches de ses employés (le DG adjoint et responsable de la voirie) par le biais et le temps d’une subvention. Le reste du travail provient entièrement de bénévoles, principalement les membre du Comité d’environnement. L’administration municipale de l’Île-Dupas appuie également le projet pour les dépenses.  

Partenaires pédagogiques

Un des volets importants de la forêt nourricière dans son développement est son volet  pédagogique. Sachant que ce seul projet n’est pas ce qui va nourrir toute la population de  l’Île-Dupas, surtout au début de l’implantation du projet, l’objectif est plutôt de montrer ce  qu’il est possible de reproduire chez soi.  

De plus, les aspects naturels permettent la conscientisation à la protection de notre  environnement. C’est aussi une prise de conscience sur le grand système mondial qui nous nourrit. Pour les jeunes générations, c’est une opportunité d’apprentissage sur le système alimentaire, comme connaître d’où provient le produit avant d’arriver au supermarché.

Three children and an adult sit at a picnic table. The adult is showing an illustration of a tree to the kids.

« Si chaque personne fait un petit peu chez eux, on est plus indépendant, on a moins besoin d’aller acheter ailleurs. Ce sont des avions, des bateaux, des automobiles de moins dans le cycle alimentaire et un sentiment de fierté d’avoir produit sa propre nourriture et d’être connecté à la nature. »

Paysage gourmand

Le partenaire le plus important dans ce projet est une entreprise d’aménagement comestible. Cette entreprise détient toutes les compétences et l’expertise en permaculture et fournit le matériel nécessaire pour créer un projet comme celui-ci. C’est un partenaire incontournable pour développer les connaissances en horticulture et en environnement.

Groupe d’entraide En toute amitié  

Les surplus de nourriture de la forêt nourricière seront éventuellement donnés à cette organisation communautaire de Berthier afin de maximiser les récoltes et de minimiser les pertes. Cet organisme a comme mission d’aider les familles défavorisées de la région.  

Les garderies, Maisons de la famille, écoles, camps de jour  

Il existe un guide pédagogique et des activités à réaliser selon les saisons et les catégories d’âge ou qui répondent à différents publics cibles.

Résultats du projet

Puisque le projet est encore dans ses premières années de lancement, les impacts sur l’autonomie alimentaire de la communauté ne sont pas encore visibles, puisqu’il y a peu de récoltes actuellement. Dans l’immédiat et pour les années à venir, l’objectif est de sensibiliser les gens à ce qu’il est possible de faire. La forêt va produire plus de fruits dans environ 5 ans, mais aujourd’hui elle inspire un esprit de partage dans la communauté de l’Île-Dupas.

Les activités

« Lecture-Nature » est une activité sur le site de la forêt nourricière qui incite les jeunes à la lecture sur des enjeux environnementaux. Malgré la pandémie, cette activité pédagogique a  été un beau succès et a fait valoir l’importance du projet et de son potentiel éducatif, qui peut toucher les enfants, les adolescents, les adultes ou les personnes âgées.  

D’autres activités ont été organisées dans le passé, incluant des sessions de yoga, des conférences, des présentations sur ce qu’est la permaculture. Environ 25 personnes ont participé à chaque fois. Ce nombre de participants est appelé à évoluer dans le temps avec une publicité et une promotion efficace et moins de mesures sanitaires.

« Bâtir une résilience alimentaire, ce n’est pas quelque chose qui se fait en quelques jours. À très long terme, j’anticipe les bouleversements climatiques et le déclin de la biodiversité. Cultiver des plantes annuelles en monocultures va devenir de plus en plus compliqué et dangereux pour notre santé. Le système alimentaire a des problèmes parce qu’il est interconnecté à une trop large échelle. Il n’est pas organisé localement, donc peu résilient.  Le concept de la forêt nourricière offre une avenue beaucoup plus prometteuse. »

Réussites

Succès

 Jusqu’à maintenant, les témoignages sur le projet sont positifs. C’est un gage de succès, car  on constate que les gens se sont appropriés ce lieu. Il y a une réponse de la communauté aux  invitations pour les activités, et il y a un réseau de contacts solide qui regroupe des gens  vraiment inspirés. Le CEID a réussi à mettre en place un noyau de bénévoles avec un groupe  d’Amis de la forêt nourricière qui informe ses membres des activités, notamment via  Facebook. Éventuellement, un des indicateurs de succès du projet sera la quantité de fruits  récoltés. Entretemps, un élément qui ne ment jamais, c’est l’engagement citoyen.  

Implication bénévole

Un projet comme celui-ci nécessite des gens qui seront là du début à la fin, rémunérés ou pas. Le CEID a réussi à mobiliser une centaine de personnes provenant de partout, qui ont donné entre 2 et 50 heures de temps bénévole, totalisant plus de 2000 heures de bénévolat de 2019 à 2021 !

Tourisme

Même dans le contexte de la pandémie, des gens de l’extérieur de la communauté sont venus  participer aux activités, donner des heures de bénévolat, ou admirer la beauté de la forêt  nourricière. 

Défis

Obstacles

Réglementaires 

  • Des discussions problématiques ont eu lieu avec la Commission de Protection du Territoire Agricole du Québec (CPTAQ) concernant le zonage du terrain afin de s’assurer la vocation agricole du terrain soit respectée.  
  • Avant de commencer un projet sous juridiction municipale, il est important que les organisations soient au fait du fonctionnement de la règlementation municipale demandée surtout pour un comité consultatif comme le comité d’environnement. Les membres de l’administration se doivent de respecter et suivre le code municipal. Un comité consultatif comme le comité d’environnement propose des projets au membres du conseil municipal afin que ceux-ci puissent prendre leurs décisions. Aussi, il faut prendre en considération que le conseil peut alterner à chaque quatre ans.

« En plein cœur des activités de plantation, si le fournisseur arrive et qu’il manque quelque chose, ça doit passer par le conseil municipal. Le budget est alloué, mais le montant de la dépense doit être accepté et autorisé avant. Il peut donc arriver de devoir retarder des activités. Ça peut être très compliqué ! »

Logistique

  • Le recrutement de bénévoles n’est pas vraiment facile car les activités sont nombreuses en début de projet et demandent beaucoup de ressources ;
  • C’est demandant physiquement et surtout en temps, principalement pour garder une  cadence d’entretien dans les premières années ;
  • Un obstacle souvent présent dans une époque où tout se fait vite, c’est que certains citoyens s’attendaient au début à ce que le projet soit terminé le lendemain. Pour eux, il était difficile de comprendre qu’il n’y ait pas de profits ou de résultat immédiat, considérant les sommes investies par la municipalité.

Influence de la pandémie

  • Le projet est moins pénalisant par le fait qu’il était dehors, mais il y avait quand même des restrictions ;
  • Certains événements et activités pédagogiques ont dû être repoussés en raison des conditions météorologiques;
  • L’esprit communautaire qui était souhaité au début du projet a été affecté.
A toddler walking down a stone path in front of the water.

Leçons apprises

Volets non négligeables

Un projet comme ceci nécessite :

  1. Un représentant municipal pour gérer les communications et s’occuper des partenaires ;
  2. Une bonne connaissance des ressources clés et organismes du milieu qui peuvent contribuer au succès du projet ;
  3. La connaissance technique sur ce qu’est une forêt nourricière ;
  4. Un leader qui pousse l’idée du début à la fin et une équipe de bénévoles motivée par le projet pour prendre en charge le travail terrain qui est exigeant, et d’autres bénévoles fidèles qui viendront aider ;
  5. Une ou des opportunités de subvention et un soutien politique sont des éléments clés dans un projet municipal. Cela nécessite une personne qui siège au conseil municipal, participant au projet et qui va sensibiliser le conseil aux demandes de budget nécessaire pour le développement du projet. Dans le cas de ce projet, il y avait deux personnes clé à la municipalité qui s’y sont impliquées également par une contribution bénévole, ce fut un atout bénéfique.

« L’entraide, c’est l’autre loi de la jungle. »

Perspectives Futures

Comment les différents niveaux de gouvernement pourraient-ils mieux soutenir l’initiative ?

Politiques publiques

    • Au niveau municipal, le changement d’administration a eu un impact sur les relations entre les partenaires en 2019. Il y a toujours une adaptation selon les personnes travaillant sur le dossier et en raison de la situation financière de la municipalité. 
    • Au niveau fédéral, il y aurait intérêt à donner plus de financement et de la visibilité à des projets de sécurité alimentaire, dont la permaculture.  
    • D’un point de vue global, il y a des changements à opérer dans les systèmes alimentaires, des politiques publiques à long terme, mobiliser les forces citoyennes pour des communautés alimentaires plus résilientes.  
    • Dans une société économique, la politique est importante. Le projet doit s’assurer d’être rentable pour favoriser l’acceptabilité sociale.

Financement  

  • La difficulté d’aller chercher des subventions est une barrière importante (processus complexe, recherche de subventions auxquelles le projet est éligible – ou tomber dessus par hasard, la lourdeur de la bureaucratie) ;  
  • Simplifier la réglementation pour l’accès à du financement. Éliminer les intermédiaires pour le financement (un organisme reçoit de l’argent du gouvernement, qui le passe à un autre, qui le passe finalement à un projet) ;  
  • Faire plus confiance aux communautés et aux comités pour la gestion du financement en facilitant l’accès aux OSBL.
  • Plus subventions qui permettent d’avoir des salariés qui peuvent se consacrer à des initiatives comme celles-ci.
  • Ce genre de projet est plus facilitant, s’il se retrouve sous la responsabilité d’un organisme sans but lucratif et non d’un comité municipal consultatif. Les embûches sont moins grandes et cela procure plus de latitudes dans la mise en place et décisions.

Recommandations pour quelqu’un qui veut entreprendre le même projet

  1. Comme il y a de plus en plus de projets similaires, ce serait bien un réseau qui  pourrait contacter ces initiatives pour partager des ressources, un guide pour les gens  qui commencent maintenant, et qui n’auront pas à réinventer la roue étant donné que  d’autres ont déjà défriché le terrain.  
  2. Un accompagnement additionnel de Paysage Gourmand aurait été utile pour des  conseils. Idéalement, ce serait d’avoir quelqu’un pour accompagner chaque année, et  que ces mentors-là viennent faire un rapport annuel sur les constats.

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